Thèses de doctorat

Les membres de l’Anthropo-Lab accueillent et dirigent les travaux de recherche de futurs chercheurs et chercheuses notamment lors de leur thèse de doctorat.  

Thèses en cours

Thèse de doctorat bidisciplinaire en éthologie et psychologie sociale [2024-2027] 

ANIMEHPAD : Influence des animaux de compagnie sur la santé, le

réseau social et le bien-être des résidents et soignants en EHPAD par Héloïse VESQUE-ANNEAR

Direction : Anthony PIERMATTEO et Marine Grandgeorge (Université de Rennes 1) / Co-encadrement : Marie PELE

Face au vieillissement de la population, à l’émergence de la maladie d’Alzheimer et à des traitements pharmacologiques limités voire inefficaces, la Haute Autorité de Santé préconise l’utilisation de thérapies non-pharmacologiques telles que la médiation animale. En effet, interagir avec un animal peut réduire le stress, l’anxiété, l’apathie et le sentiment de solitude chez les personnes âgées, tout en créant du lien avec les proches et les aidants. Dans un cadre scientifique, la médiation animale décrit l’ensemble des Interventions Assistées par l’Animal (IAA) durant lesquelles l’animal est présent dans le but d’apporter des effets thérapeutiques chez un bénéficiaire. Ainsi, ce sujet de thèse se propose d’analyser les apports de la médiation animale dans un cadre de soins auprès des personnes âgées en EHPAD. Il s’agira d’évaluer, via une démarche comparative, les effets de la présence d’animaux sur la santé, le bien-être et le réseau social des résidents et soignants en EHPAD. Pour cela nous répondrons à trois questions de recherche dont les objectifs seront d’analyser 1) l’impact du temps de présence de l’animal auprès des personnes âgées et des soignants (présence d’un animal « résident » versus d’un animal « visiteur ») ; 2) l’influence de l’espèce animale utilisée (effets du chien versus du chat) et enfin 3) l’effet de la nature de l’interaction en comparant les effets des organismes biologiques (animaux) versus de la technologie robotique (animaux-robots). Pour répondre à ces questions, nous proposons la mise en place de protocoles d’étude issues de l’éthologie (observations directes et indirectes) et de la psychologie sociale (questionnaires). La collecte des données se fera en collaboration avec le Centre Féron-Vrau de l’Université Catholique de Lille qui regroupe cinq EHPAD à vocation universitaire. Enfin, cette thèse permettra d’adapter les ateliers de médiation animale en fonction des pathologies des personnes âgées (Alzheimer, handicaps) et de proposer un guide pratique aux professionnels de santé et politiques publiques.

Thèse de doctorat bidisciplinaire en sciences économiques et psychologie sociale [2023-2026] 

Précarité, santé et comportement alimentaire par Romane VANDROUX 

Direction : Nicolas VAILLANT et François-Charles WOLFF (Université de Nantes) / Co-encadrement : Vincent LENGLIN

Précarité et comportements alimentaires sont étroitement liés. Les individus précaires ont en effet un accès plus limité à une alimentation saine, à cause notamment d’une contrainte budgétaire substantielle. Certaines recherches publiées montrent que le taux d’obésité est plus élevé chez les ménages à faible revenu. Or, les effets de mauvais comportements alimentaires sont particulièrement préoccupants, dans la mesure où les risques accrus de développer des maladies chroniques constituent également une entrave au retour à l’emploi – emploi qui permettrait d’augmenter les chances de sortir de la pauvreté.

Le projet PSCA (2023-2026) mobilise différentes méthodologies auxquelles sont rompus les chercheurs des laboratoires impliqués. Elles incluent l’économétrie sur données d’enquêtes ainsi que l’économie expérimentale. Les objectifs sont doubles : (i) Identifier les leviers à même de changer les habitudes alimentaires des individus précaires ; (ii) sur cette base, proposer et mettre en place des stratégies de politique publique efficaces pour l’instauration d’une alimentation plus saine dans les populations précaires. Une focalisation sur les ménages précaires avec enfant(s) et sur les étudiants est mis en œuvre afin, d’une part, de favoriser les chances que les bonnes pratiques alimentaires que les parents transmettent aux enfants se généralisent aux parents eux-mêmes et d’autres part, que les bonnes habitudes alimentaires se maintiennent une fois adulte.

Thèses soutenues

Thèse de doctorat en sciences économiques [2017-2022] 

Analyse et déterminants de la mobilité intergénérationnelle de capital humain: le cas de la région des Hauts de France par Valentine SCHMITZ GELDOHF 

Direction : Nathalie CHUSSEAU et Nicolas VAILLANT

Depuis la crise économique des années soixante-dix qui a mené au déclin des industries traditionnelles, la région des Hauts-de-France présente un faible niveau général d’éducation comparativement à la France métropolitaine. Celui-ci se caractérise par une sous-représentation des individus diplômés de l’enseignement supérieur concomitante à une surreprésentation des individus peu ou pas diplômés. De par le processus cumulatif des inégalités, cette situation génère tout un ensemble de vulnérabilités socioéconomiques qui se traduisent par des indicateurs dégradés en matière de niveau de vie médian, de pauvreté, de chômage, d’accès au logement et à la santé. Le manque d’attractivité du territoire, couplé au phénomène de « fuite des cerveaux », ne participe que partiellement à expliquer les écarts observés en matière de diplomation. En réalité, une partie de l’explication réside également dans les choix d’éducation des habitants de la région. Dans un premier temps, cette thèse vise à tester l’hypothèse de l’existence d’un sous-investissement en éducation par les habitants de la région qui se caractériserait par une mobilité intergénérationnelle d’éducation plus limitée. Les résultats de nos analyses ne confirment pas cette hypothèse. Cependant, ils ne révèlent pas non plus l’existence d’un processus de rattrapage régional qui réduirait à terme les écarts région-France observés en matière d’éducation. Pour enclencher un processus de rattrapage, il s’avère donc nécessaire d’accroître l’investissement effectif en capital humain des habitants de la région, ce qui permettrait d’augmenter le bien-être social et économique tant individuel que collectif. Un levier d’action consiste à favoriser la mobilité intergénérationnelle d’éducation. Une façon d’y parvenir consiste à réduire voire éliminer les écarts d’aspirations scolaires en matière d’orientation et de poursuite d’études observés chez des élèves issus de différents milieux socioéconomiques et présentant une réussite scolaire similaire. Il s’agit donc, dans un second temps, d’identifier les leviers à partir desquels il serait possible d’agir. L’analyse des données de l’enquête « École, Aspirations, Avenir » souligne l’importance des différences sociales d’anticipations de réussite comme facteur explicatif de l’autocensure scolaire observée chez les élèves de troisième scolarisés dans la région et issus de milieu modeste. Si ces anticipations de réussite socialement différenciées sont en partie rationnelles, nos résultats montrent (i) que la croyance des élèves vis-à-vis de la mobilité sociale, conditionnellement à leur origine sociale, tend à expliquer les écarts sociaux observés en matière d’anticipations de réussite scolaire, et (ii) que l’effet de telles croyances est hétérogène puisqu’un haut degré de fatalisme social chez les élèves favorisés stimule leurs anticipations de réussite, tandis qu’il tend à réduire celles des autres élèves. Enfin, à partir d’une expérience menée en laboratoire, cette thèse met en évidence l’effet de l’identité sociale des individus sur leur comportement d’investissement en éducation. L’analyse montre que les anticipations de réussite n’expliquent pas les différences de comportement observées, et que les individus ont tendance à se conformer à la norme perçue du groupe social artificiel auquel ils appartiennent. À partir de nos résultats, cette thèse propose différents types de dispositifs de politiques publiques à développer au sein de la région des Hauts-de-France avec comme objectif de réduire la reproduction intergénérationnelle des inégalités sociales à l’École en éliminant les écarts sociaux d’aspirations scolaires.