AXE 1 : Neurophysiologie de la perception des interactions numériques
Percevoir une action et l’exécuter réellement mobilise de nombreux circuits neuronaux communs. Ainsi, d’un point de vue cérébral, percevoir et agir ne sont pas des activités si différentes. Cela tient du fait que notre cerveau a pour l’une de ses missions principales de s’adapter à son environnement et prédire les comportements des autres êtres vivants qu’ils l’entourent afin de mieux se préparer à se battre, à fuir, à aider, à interagir, etc. Cette faculté de prédiction repose sur la capacité du cerveau à simuler les actions qu’il perçoit. Par la simulation motrice notamment, l’issue des interactions perçues ainsi peut-être prédite avant que l’interaction réelle ne se termine, offrant ainsi une possibilité de se préparer et d’adapter au mieux son comportement.
Nous étudions comment ces mécanismes cognitifs de simulation s’adaptent à la perception des interactions numériques dans lesquelles la causalité n’est plus qu’une question de physicalité. Un même geste pouvant avoir des conséquences très diverses quand il est exécuté à destination d’un dispositif numérique.
AXE 2 : Interactions Humain Machine : agentivité et agentivité attribuée
Le sentiment très naturel de s’estimer comme auteur de ses propres actions, l’agentivité, n’est pas encore totalement compris d’un point de vue cognitif. Comme souvent dans l’histoire des neurosciences cognitives, plusieurs modèles sont proposés afin d’identifier les mécanismes d’un phénomène et l’approche expérimentale s’emploie à renforcer, réfuter ou refonder les hypothèses en cours.
Lorsque l’on observe une action, nous pouvons également évaluer si la personne en train d’agir est à l’origine des modifications apportées à son environnement. On parle alors d’agentivité attribuée. En transposant le sentiment d’agentivité à la perception du niveau de contrôle d’un agent pendant une interaction, notre recherche propose de nouveaux protocoles expérimentaux afin d’évaluer la pertinence des modèles de l’agentivité adaptés à l’agentivité attribuée.
Une partie importante de cet axe de recherche s’applique à la perception du niveau de contrôle dans les interactions musicales dans la musique électronique.
AXE 3 : Neurethic XR – Neurophysiologie et Réalité étendue
Il suffit de d’avoir essayé une fois de marcher sur une planche de bois placée entre deux immeubles à 50 m de hauteur pour comprendre que la réalité présentée dans un casque de réalité virtuelle n’est pas si virtuelle que ça ! La rapidité d’adaptation du cerveau à tout nouvel environnement rend les expériences virtuelles émotionnellement bien réelles. De nombreuses questions émergent sur les mécanismes cognitifs à l’oeuvre dans ces facilités d’adoption de nouvelles règles physiques dans des environnements virtuels.
Au travers de mesures directes de l’activité cérébrale, ou de ces conséquences sur le corps (neurophysiologie), notre recherche vise à explorer les mécanismes en place lors de l’immersion dans une réalité modifiée, qui peut être virtuelle, augmentée ou mixte (extended reality ou XR)
Après un master en Sciences Cognitives (spécialité neurosciences) et une thèse en Interactions Humain Machine (IHM), j’ai intégré l’Anthropo-Lab en tant que chercheur en neurosciences cognitives, spécialisé dans la neurophysiologie des interactions. Défendant une approche bayésienne et multidisciplinaire, je mène une recherche qui mêle neurosciences cognitives et IHM afin de mieux comprendre la perception des interactions numériques et l’expérience des spectateurs. Dans ce contexte, la musique électronique est notre principal matériau pour l’étude des interactions numériques et ses applications.
Avec Bruno Lenne, nous portons le projet Neurethic, qui ambitionne de mieux comprendre les processus de décision. Il se structure en deux grands axes, l’un dédié à l’étude de la sclérose en plaques et ses conséquences cognitivo-émotionnelles, et un autre dédié à la neurophysiologie des interactions.
Mots clés : Neurophysiologie – interactions Humain Machine – cognition bayésienne